Il y a 16 ans, un candidat à la présidence de la République était sur le point de mener une campagne présidentielle victorieuse sur le thème de la « fracture sociale ». La semaine dernière a malheureusement rappelé que la situation s’est largement détériorée depuis…
Une fracture devenue béante
Bien sûr, en 2010, la rémunération des patrons du CAC 40 a baissé de 14% par rapport à 2009. Mais elle devait être basée sur les résultats 2009. Il est donc probable que la très forte remontée des résultats cette année devrait engendrer une remontée des rémunérations l’an prochain. En effet, The Economist rapporte que les profits des entreprises étasuniennes sont remontés à près de 8 à 16% de la valeur ajoutée, équivalent au pic de 2000 et déjà proche des 18% de 2007.
Partout, la remontée des profits des grandes entreprises est extrêmement rapide, et contraste avec la lenteur de la reprise pour le reste de la population. C’est ainsi que les grands patrons Français ont gagné 3 millions d’euros en moyenne, 190 fois le SMIC. Carlos Ghosn obtient la pole position avec une rémunération de 9 millions. Pour mémoire, c’est 60 fois plus que le salaire que gagnait Raymond Lévy au début des années 1990 à la tête de Renault (un million de franc, soit cent cinquante mille euros).
La France d’en bas souffre
Et contrairement aux gouvernements Chirac, Nicolas Sarkozy continue dans sa politique de refus de coup de pouce au SMIC. Certes, ailleurs en Europe, les salaires peuvent baisser, mais cela montre l’horreur d’un système économique qui organise, par la globalisation néolibérale, l’absence de progrès social pour les classes populaires alors que les hauts revenus et les profits des entreprises rebondissent rapidement, conservant l’intégralité des gains de productivité.
Pire, on apprend que 43% des jeunes hommes habitants dans les quartiers sensibles sont au chômage. C’est la conséquence directe des délocalisations massives d’emplois industriels et maintenant de services (centres téléphoniques, certains travaux bancaires ou informatiques). Quel message envoie notre société à cette jeunesse ? Comme le montrent Gaël Brustier et Julien Landfried dans une tribune publiée dans Libération, cette paupérisation touche fortement les zones rurales.
Le plus dommage est que les réponses à la fracture sociale avait déjà été largement esquissées au début des années 1990 par les partisans de l’autre politique, Philippe Séguin et Jean-Pierre Chevènement en tête. Des réponses plus que jamais d’actualité aujourd’hui.